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L'impact de la mentalité marchande sur l'art

Culture et société



Camélia Vienneau

19 février 2022



Si vous vous retrouvez toujours à la création que ce soit dans une poursuite artistique ou pour le divertissement, vous êtes vous déjà considéré artiste? Pour quelqu’un ayant cette étiquette depuis presque la naissance j’ai un poing sur le cœur. Ne vous méprenez pas, cette étiquette je la désire et la réclame, d’où l’importance encore plus grande de ce besoin d’appartenance avec un monde comme moi et un sentiment de respect du monde qui est l’opposé du mien.


Ayant grandi dans l’amour et la pratique des arts, j’ai pu rapidement constater le regard que l’on portait à mon milieu. Il est souvent jugé pas aussi important et sérieux que bien des autres milieux. Artistes, on nous apprend rapidement que pour être perçu comme réussite il faut devenir une icône presque inatteignable, une réussite monétaire qui pardonne le rythme atypique de l’horaire de travail normal. Une réflexion naît toujours après des conversations avec une personne de mon entourage qui interagit aussi avec les arts dans une poursuite professionnelle. Nous finissons souvent avec le même sentiments; devoir travailler 10 fois plus fort et dix fois plus rapidement pour être respecté. Je souhaite que cette idée soit revue. Un drôle de syndrome d’imposteur muet et ancré dans la pratique professionnelle de l’art. Pourquoi est-ce que les emplois de l’art ont cette réputation péjorative alors qu’elles participent grandement au divertissement de la société? En m’appuyant sur notre société moderne capitaliste, je revisite l’importance de l’art face aux autres emplois. Alors que ceux-ci voient leurs horaires de bureau dériver du fameux 8 à 5 pour des heures plus abstraites. Je me penche sur la question à l’aide de lectures et de réflexions personnelles pour retourner le concept sur ses pieds et nous ouvrir des portes aux artistes. Je tente de comprendre la différence entre l’emploi de l’art, offert comme divertissement, et les emplois plus communs.



FORME DE RÉFLEXION


Quand on parle d’art, on parle de tout ce qui traite des formes de réflexions. On apprend par les études ou par notre milieu social que plusieurs choses de l’abstrait sont intimement liées à l’art. Les voici énumérées en trois sous-groupes :


- L’art de penser : Philosophie, Littérature

- L’art de création : Théâtre, film, peinture

- L’art médiatique : Chant, danse



L’art est un processus de création selon des codes menant à des réflexions sur son monde. C’est l’aptitude d’une personne d’exprimer par des médiums différents des questions. Elle consiste à ouvrir une discussion plutôt qu’à y répondre.


Je sais que ce point sera débattable, mais l’art n’a pas pour but d’être fini. Son utilité vise à engendrer une réflexion. Une œuvre ne s’arrête jamais là où le créateur cesse de converser, au contraire, c’est alors qu’elle commence vraiment. Elle est aussi abstraite. L’art peut difficilement définir ses limites. Les éléments qui la constituent sont privés d’une réplique ou d’une représentation de la réalité complète. Prenons la peinture comme exemple, une œuvre peinte vise à représenter quelque chose et à en faire un messager visuel d’une histoire pour encourager une réflexion sur quelconque sujet envers son spectateur. Dans le cas du théâtre, et je reste ferme ici, une pièce ne se finit jamais au dernier mot écrit et encore moins au dernier mot dit sur scène. Il est tout autant que la peinture un messager. Que ce message soit une question, une position sur le monde, une émotion ou autre, il est au cœur de la création.



RÉFLEXION À DIVERTISSEMENT


Si l’art est donc considéré comme un divertissement par plusieurs, c'est par son statut abstrait lui-même. Puisqu’il est pour plusieurs incompréhensible, il n’est qu’un exercice de l’esprit libre et non de l’esprit rationnel. De plus en plus utilisé pour divertir le grand public, l'art de la création au cœur des séries télévisées, des films et des activités interactives, tel que les musées, est perçu de plus en plus comme une marchandise. De moins en moins nous approchons l’art en prenant le temps d’y poser une réflexion et de la laisser parler de nous et du monde.


En soi, ce n’est pas une mauvaise chose, car l’art est plus accessible que jamais. Le contrevenant de cette mesure est cependant la perte de la reconnaissance d’arts issus d’un processus plus long ou indépendant des productions de masse. Je pense particulièrement aux films à gros budgets hollywoodiens qui sont si connus qu’ils ont leurs propres codes cinématographiques. Le problème n’est pas les films eux-mêmes, mais les attentes qu’on se fait des autres films qui ne sont pas produits dans la même optique. La majeure partie du temps à l’arrivée d’un revenu, les artistes peuvent être reconnus comme utiles dans la mécanique de la société. Ils apportent un divertissement acceptable et gagnent un revenu pour leur produit.


Et alors, si leur produit vaut de l’argent, le créateur vaut notre attention. C’est à ce moment que nous devons faire la distinction entre réflexion et divertissement. Les deux sphères sont biens utiles à leurs manières, mais n’ont pas le même but, voire la même identité de production. C’est une limite de l’art qui est facile à croiser et à déterminer. Enfin, un produit de masse n’est pas problématique, il faut seulement cesser de comparer deux choses qui ne sont pas nées pour servir le même but. Puis lorsqu’une œuvre est hybride, elle devient aussi un item à part. (Pensons notamment à des bijoux qui sont des pièces fabuleuses, mais peuvent aussi n’avoir qu’un but commercial.)


Il faut cesser de comparer les emplois de l’art et les emplois industriels. Car même dans le monde de l’art il y a des sous-catégories et des Ironique car ce texte vise exactement à faire cela, comparer pour comprendre. Comprendre surtout que dans notre société capitaliste, un esprit rationnel est un esprit dit « utile ». L’importance du statut capitaliste de notre société connote l’importance de la marchandisation. C’est-à-dire que les emplois consistants qui ont un revenu stable et qui participent activement à la consommation sont plus respectés que ceux qui produisent les biens de consommation. Fausse croyance, mais celle qui prévaut.



COMMENT L’ART CHANGE DE RÔLE : De divertissement à représentation


Pour retrouver la valeur de l’art, elle n’a pas forcément à perdre son statut rémunéré de production massive. Il y a deux principes importants à prendre en compte. Elle est à la fois engagement social et abstraite. Qu’on le veuille ou non, l’art parle toujours d’un milieu ou pour un milieu. Plusieurs penseurs et sociologues en attestent dans leurs recherches.


Elle doit retrouver une valeur de réflexion et d’engagement. L’art n’est pas une science infuse et ne retient pas de la logique. Sa valeur tient presque entièrement à son appréciation physique et intellectuelle. C’est un travail entièrement de réflexion. Ainsi c’est une réflexion en échange d’un montant. Et si on recommence à la valoriser pour ce statut, qui la détermine et que l’on tente de lui retirer, nous aurons avancé dans la reconnaissance qui lui est accordée. Aussi, il faut reconnaître que l’art sert un but intellectuel et d’engagement.


Elle ne doit pas être comparée à un emploi de science et de logique. D’ailleurs ce type d’emploi, comptant les avocats, les fonctionnaires et autres, voit leur heures de bureau passer du typique 8 à 5 à une tout autre forme. Ces emplois demandent à être un échange, un service pour un montant. Puis même cette vision est revisitée (particulièrement avec l’impact du télétravail dû à la pandémie).


Donc, si les emplois plus typiques se voient être revisités et retournés dans leur système de valeurs il faudra revoir le regard qui est posé sur le milieu des arts. Et encore dans ce texte je n’ai fait que mention de l’emploi d’artiste et non complètement du milieu artistique par la restriction du format de texte.





Enfin, l’art devrait être considéré à la fois une source de réflexion utile et une source de divertissement pour alléger la vie. Malheureusement il n’y a pas ici de certitude quand au futur de l’art, ce que je peux affirmer avec forte croyance, c’est que l’art aujourd’hui à plus que jamais la possibilité d’être reçue avec plus grand enthousiasme grâce à des séries télévisés, des médias et des publicités qui nous connecte directement entre une référence artistique et son accès direct par les réseaux sociaux. Nous sommes de plus en plus focalisés, en tant que société, sur une esthétique du « beau » et souvent pour recréer cette idée instantanée de cette vision nous nous basons sur des œuvres antérieures. L’art évolue par sa propre référence en elle-même et par elle-même. Mais je crois profondément qu’en ce qui concerne le monde artistique québécois, il y aura bientôt un nouveau mouvement des jeunes artistes qui changera les choses. Non seulement sommes-nous dû, mais il y a dans les jeunes créateurs une effervescence et un désir de renouveau.






BIBLIOGRAPHIE





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